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Les vieux démons refont surface. Alors que le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) et ses partisans jubilaient suite à la publication de la décision du Conseil Constitutionnel qui déclare recevable la candidature de Karim Wade, le débat sur la double nationalité (franco-sénégalaise) de Wade-fils est encore agité. Cette fois-ci, c’est un autre candidat, Thierno Alassane Sall qui a décidé de porter l’estocade en n’excluant pas de déposer une requête sur la table des 7 sages.

Selon lui, diverses sources prouvent que « Karim Wade, candidat à l’élection présidentielle, serait toujours détenteur de la nationalité française, ce qui est en contradiction avec la Constitution de notre pays ». La loi fondamentale stipule, en effet, que le candidat à la magistrature suprême doit être de nationalité exclusivement sénégalaise. Ce qui ne semble pas être le cas pour l’ancien ministre de l’énergie dont la candidature à la présidentielle de 2019 avait été rejetée pour inéligibilité suite à une condamnation de 5 ans de prison pour enrichissement illicite. 

Bien que la motivation de ce rejet fût autre, le même débat avait été soulevé à l’époque. Dans un article consacré à cette polémique qui faisait rage, JeuneAfrique, sans citer de source, déclarait détenir des informations selon lesquelles « Karim Wade avait bien déposé un dossier de demande de renonciation à la nationalité française, fin décembre (2018), à l’ambassade de France à Doha (Qatar) ».

« Le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) à la présidentielle du 24 février, dont le dossier de candidature a été écarté le 14 janvier par le Conseil constitutionnel, souhaitait se conformer à la Constitution (Sénégalaise), qui stipule que tout candidat doit être de nationalité exclusivement sénégalaise », ajoute le Magazine de Béchir Ben Yahmed.

« Sa renonciation à la nationalité a été actée par les autorités françaises » (Coalition Karim 2024)

Ces informations ne semblent pas être de nature à clore le débat puisqu’il refait surface 5 ans après. Le fils de Wade et candidat des libéraux à la présidentielle du 25 février prochain, s’est-il réellement acquitté des formalités administratives pour renoncer à sa nationalité française tel qu’on le prétend ? La question revêt une importance essentielle dans ce contexte de vérification de la recevabilité des candidatures à la présidentielle. La coalition Karim 2004 qui porte sa candidature donne des précisions tout en s’érigeant en bouclier pour son leader. 

« Certains s’acharnent à tenter de discréditer Karim Wade, en soulevant des questions fantaisistes relatives à sa nationalité française. Questionner la nationalité de Karim Wade, qui a clairement renoncé à sa binationalité, est l’expression méprisable d’une discrimination ou d’une xénophobie qui n’honore pas certains candidats qui en sont à l’origine », souligne-t-elle dans un communiqué. Mieux, ajoute la coalition : « le Conseil constitutionnel, après une étude approfondie, a statué de façon incontestable sur cette question. Karim Wade a accompli, conformément aux exigences légales, toutes les formalités nécessaires concernant sa renonciation à la nationalité française qui, au demeurant, a été actée par les autorités françaises ».

Le nom de Karim figure encore sur le fichier électoral français

Pourtant une simple vérification sur le site service-public.fr permet de soutenir le contraire. L’attestation d’inscription de Karim Wade sur les listes électorales y figure encore. Son numéro national d’électeur français, sa commune d’inscription, son bureau de vote, ainsi que d’autres informations y sont clairement mentionnés. A cet effet, la question qui est sur toutes les lèvres c’est : comment peut-on renoncer à sa nationalité et continuer à figurer sur les listes électorales ?

La loi français, stipule, en la matière : « La perte de la nationalité française par déclaration est régie par différents articles du code civil selon la situation dans laquelle se place le déclarant. L’ensemble de ces procédures relève de la compétence du ministère de la justice. Conformément à l’article 26-1 du code civil, les déclarations de perte doivent être enregistrées par le directeur des services de greffe judiciaires du tribunal d’instance pour les déclarations souscrites en France ou par le ministère de la justice pour les déclarations souscrites à l’étranger ».

L’article 23 du code civil français qui traite du cas spécifique, souligne que « toute personne majeure de nationalité française, résidant habituellement à l’étranger, qui acquiert volontairement une nationalité étrangère ne perd la nationalité française que si elle le déclare expressément ». La déclaration peut être souscrite à partir du dépôt de la demande d’acquisition de la nationalité étrangère et, au plus tard, dans le délai d’un an à compter de la date de cette acquisition, précisent les dispositions du code civil. Ainsi, la perte de la nationalité française prend effet « à la date de l’acquisition de la nationalité étrangère ».

En attendant que l’intéressé brandit la preuve de la perte volontaire de sa nationalité française ou que le Conseil constitutionnel s’y prononce, le sujet continue d’alimenter les débats.

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