Faut-il faire table rase de notre justice pour la repenser de fond en comble ? L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal répond par l’affirmative.
Invité de l’émission « Objection » de ce dimanche sur Sud FM, Maitre Mame Adama Guèye a proposé la tenue d’assises de la justice, car sa conviction est que « tout est à revoir » dans ce secteur névralgique qui régente et réglemente le vivre-ensemble et la paix sociale.
« Le problème de la justice, cela nous revient à la figure », lance-t-il. « Je suis très engagé sur cette question, parce que je suis militant de la justice. Cette question, je l’ai soulevée depuis plus de 25 ans, du temps de Jacques Baudin (ancien ministre de la Justice). Tous les ministres de la Justice qui sont passés, je suis allé discuter avec eux sur les questions de la justice. Malheureusement, les réformes sérieuses n’ont jamais été faites. Et le problème est persistant », dit-il.
Il est « nécessaire », selon Me Guèye, voire « indispensable », de s’arrêter sur cette question de la justice. « Ce que je reproche aux acteurs politiques, c’est que, chaque fois qu’on parle de justice, on en parle à chaud. On ne traite pas les choses à chaud, parce que c’est très profond. Cela nécessite un traitement de fond qui requiert l’organisation d’assises de la justice qui impliquent toutes les parties prenantes de ce pays. On fait l’erreur de penser que la justice n’est que l’affaire de l’État et des magistrats. Ce n’est pas le cas ; toutes les parties prenantes sont concernées », préconise Me Mame Adama Guèye.
Cette question est d’autant plus « incontournable », en ce sens que la justice joue « un triple rôle de régulation sociale, politique et économique ». Ainsi, souligne-t-il, « tant qu’on n’aura pas réglé cette question de la justice, on continuera à avoir des problèmes politiques. Pourquoi a-t-on toujours des problèmes lors des élections ? Parce que la justice ne joue pas bien son rôle sur le plan politique ».
Sur le plan social, ajoute Me Guèye, « on a une justice à deux vitesses » ; forte avec les plus faibles et faible avec les plus forts. Sur le plan économique, également, la justice est un levier extrêmement important d’attractivité.
Mais, de l’avis de Me Guèye, « au Sénégal, la justice ne joue pas très bien ce rôle ».
Donc, conclut-il, « tout est à revoir au niveau de la justice ».