Si sa décision de saisir le Parquet pour l’arrestation des deux députés du Pur, auteurs de l’agression de la députée Amy Ndiaye, a irrité les parlementaires de Yaw, le président de l’Assemblée, qui a clos hier le marathon budgétaire, est revenu sur ce cas de violence «inqualifiable et inacceptable».
Chahuté par une partie de l’opposition pour avoir autorisé les poursuites contre les deux députés du Pur, Amadou Mame Diop est resté droit dans ses bottes. En parlant pour la première fois de cette agression de la députée Amy Ndiaye, «toujours alitée», lors de la clôture du marathon budgétaire, le président de l’Assemblée nationale n’a pas mis de gants : «Il y a des manquements graves à ce niveau avec des violences inédites, intolérables, inacceptables, encore moins dans un tel endroit. Ces faits ont surpris plus d’un. Et je réitère ici la condamnation ferme de tels actes de la manière la plus vigoureuse possible.» Pour lui, «nos mandants et l’ensemble du Peuple sénégalais attendent en effet de notre Parlement de la rigueur, de l’intelligence, du savoir-faire et de la fermeté dans la défense des projets portés. Mais nos mandants et l’ensemble du Peuple sénégalais attendent aussi et surtout de la responsabilité pour la sauvegarde de nos valeurs connues». Selon Amadou Mame Diop, «la violence n’a pas sa place dans ce haut lieu de la République.
Nous devons chasser la violence de cet Hémicycle».
Evidemment, depuis le début du marathon, les tensions étaient latentes. «Les ardeurs verbales ne doivent pas conduire jusqu’aux agressions physiques indignes de nous, du Sénégal pour qui nous sommes censés travailler jour et nuit. La diversité d’opinions, loin de constituer une entrave, constitue au contraire un réel atout pour le Parlement. C’est cela le souhait de notre Peuple. Nous devons y travailler», conseille le président de l’Assemblée. Vu la configuration de l’Hémicycle, il rappelle que le Sénégal est épié par tous les pays. «Nos partenaires des organisations d’intégration régionale avec qui nous partageons les cadres harmonisés et de convergences multilatérales, ainsi que les institutions des pays amis, étaient particulièrement intéressés de savoir si notre Assemblée, malgré la diversité qui la caractérise, serait en mesure de réaliser le sursaut nécessaire. En dépit des incidents notés ici, et des dérapages verbaux, je voudrais noter le résultat à la suite de ce marathon budgétaire et mentionner particulièrement le rôle déterminant des présidents de groupe dont je salue la grandeur d’esprit et le sens élevé des responsabilités», salue-t-il.
Depuis le 1er décembre dernier, l’actualité politique bruit de l’affaire Amy Ndiaye Gniby, frappée par les députés Massata Samb et Mamadou Niang. Jusque tard dans la soirée d’hier, ils étaient introuvables, après que le Parquet a ordonné leur arrestation suite à une saisine du président de l’Assemblée nationale sur procès-verbal, conformément au Règlement intérieur de l’Assemblée nationale en son article 53 alinéa 3. Depuis une semaine, une chasse à l’homme est lancée par les Forces de sécurité pour retrouver les deux parlementaires, qui ont pris la clef des champs. Sans succès…
Lundi, Me Baboucar Cissé, avocat de la parlementaire, a porté plainte contre les deux députés membres du Groupe parlementaire Yewwi askan wi (Yaw), auteurs présumés des faits incriminés.
Ils auraient décidé d’attraire en Justice leur collègue pour «injures publiques, violence et voies de fait» et «coups et blessures volontaires».
L’Assemblée nationale était en effet sens dessus dessous jeudi dernier. Prenant la parole lors du vote du budget du ministre de la Justice, M. Samb avait soutenu qu’il y a une députée qui a tenu des propos discourtois sur le guide des Moustarchidines, Serigne Moustapha Sy.
La dame Amy Ndiaye Gniby, qui se sentait indexée, avait répliqué en wolof en disant : «Ma tayy (J’assume).» Prenant mal cette réponse, Massata Samb avait réagi énergiquement : «Ah bon !» Il quitta le pupitre pour venir vers sa collègue. Il lui administra une gifle retentissante. C’était l’acte de trop. Après cette claque, la députée reçut aussi un coup au niveau du ventre de la part du parlementaire Mamadou Niang. Et cette dernière s’effondra avant de piquer une crise. Mme Ndiaye fut ensuite évacuée à l’hôpital Principal de Dakar pour les premiers soins. Mme Ndiaye étant enceinte de plus de deux mois, cet acte prit une tournure encore plus dramatique.