Le menuisier Pape Alioune Fall domicilié au quartier Saré Guilél de la commune de Tambacounda, avait été condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Tambacounda pour tentative de viol et meurtre sur la personne de Bineta Camara avant d’interjeter appel par le biais de son avocat Me Ciré Clédor Ly.
Reconnu coupable en première instance par la Chambre criminelle du TGI de Tamba, son jugement en appel a été renvoyé sur la demande de l’avocat de la partie civile Me Gaye qui était souffrant.
Cette fois, la date d’audience prévue le 21 décembre à la Cour d’Appel de Tambacounda devrait arranger toutes les parties. L’avocat de la partie civile Me Gaye absent lors du procès en Appel, pour « raison sanitaire », devra plaider pour la famille Camara.
Selon l’acte d’accusation, c’est dans la nuit du samedi 18 mai 2019 que Pape Alioune Fall, qui connait les habitudes de la maison des Camara ayant pignon sur rue en face du lycée Mame Cheikh Mbaye, avait attendu que le vigile Malick Diop alias Ako soit parti rejoindre sa femme pour se pointer devant la maison de l’ex Directeur de l’Agence de développement local (Adl), Malal Camara. Il savait qu’en l’absence du maître de la maison, de sa femme (partie en Chine) et du vigile, la jeune fille restait seule. Une fois devant la porte, il prenait son téléphone et appela Bineta Camara. Ne se doutant de rien, sachant que l’homme avait toujours été considéré comme un homme de confiance de son père, la jeune femme lui avait ouvert la porte et le laissa accéder à la maison.
Ce n’est qu’après que les choses avaient commencé à dégénérer. Pape Alioune Fall avait subitement commencé à montrer un visage qu’elle ne lui connaissait pas. Il avait commencé à se montrer condescendant, montrant clairement qu’il voulait satisfaire sa libido sur elle. Bineta Camara, chaste jusqu’à épouser le voile, lui opposa un niet catégorique. Prise de peur, elle commença à crier pour avoir du secours. Selon Pape Alioune Fall, c’est à ce moment que lui aussi avait eu peur que les cris de la victime soient entendus par le voisinage et qu’on le surprenne sur place. Pris de panique, il tentait de la maîtriser. Mais Bineta Camara ne veut aucunement qu’il la touche. Elle lutta de toutes ses forces, tout en criant. Pape Alioune se montrait alors violent, lui asséna de violents coups de poing. L’un des coups atterrit sur sa tempe, avouait le présumé meurtrier lors de l’enquête. La dame s’affala. Le récit du présumé meurtrier s’arrêta là. Seulement, les constations du certificat de genre de mort vont plus loin. En plus de constater des traces de coups sur le corps de la victime, le légiste affirmait que la victime avait ensuite été étranglée avec son foulard. D’ailleurs, elle est décédée par strangulation. Pape Alioune n’a pu satisfaire sa libido sur elle. Toujours est-il qu’après son forfait, Pape Alioune Fall est sorti de la maison et pensait avoir effacé toutes les traces de son passage. Il s’était en effet emparé du téléphone portable de marque techno de la fille. Téléphone qui avait été retrouvé chez lui au moment de la perquisition. Dans les heures qui avaient suivi le meurtre, il avait feint d’être meurtri par la disparition de la fille de son « ami ». Il était tout le temps présent aux côtés de la famille éplorée (à la maison comme à la morgue), avait donné des informations sur les obsèques dans des groupes whatsapp, ne tarissant pas d’éloges à l’endroit de la défunte qu’elle considérait comme une « waliyou », une fille de bonne mœurs, très portée sur les choses spirituelles. Bref, il avait joué le rôle d’un parfait innocent qui donnerait sa vie pour que le meurtrier de la fille de son « ami » soit retrouvé et châtie. De la pure hypocrisie. Ses aveux circonstanciés « couchés » sur procès-verbal, Pape Alioune Fall avait été placé en garde à vue avant d’être déféré auprès du Procureur d’alors Demba Traoré qui avait confié au juge d’instruction après son réquisitoire introductif le meurtre et la tentative de viol avant de requérir le mandat de dépôt contre le présumé meurtrier.