De l’euphorie au souvenir heureux, le temps dilue l’émotion mais ne la tarit pas. Il y a un an déjà, les Lions de la Teranga plongeaient le peuple sénégalais dans une allégresse sans fin. Les hommes d’Aliou Cissé venaient de remporter la première coupe d’Afrique des Nations (CAN) de leur histoire. Bien qu’elle soit avant tout collective, cette épopée a vu quelques individualités sortir du lot. Zoom sur 5 d’entres eux.
Aliou Cissé, la gagne rien que la gagne !
De contesté à adulé, il n’y a qu’un pas à condition de décrocher une étoile. Aliou Cissé l’a fait en ayant les pieds sur terre. Après une CAN perdue en finale contre l’Algérie en 2019, un seul scénario était envisageable à l’issue de cette 33e édition de la compétition au Cameroun : la victoire. Et toute la pression retombe sur le natif de Ziguinchor, cible de plusieurs critiques. Les premières sorties de l’équipe du Sénégal dans cette compétition vont accentuer ces jugements dépréciatifs. Le Sénégal va d’abord s’imposer difficilement contre le Zimbabwe (1-0) puis enchaîner deux matchs nuls face à la Guinée et le Malawi. Malgré une qualification en 8e de finale en terminant premier de leur groupe, les prestations insipides des Lions font jaser, Aliou Cissé est pointé du doigt. Au tour suivant face au Cap-Vert, le Sénégal va à nouveau remporter le match dans la douleur devant le Cap-Vert (2-0). À la différence des premiers matchs, les critiques sont moins virulentes. Les supporters optent pour l’union sacrée autour des Lions. Des ondes positives envoyées à l’équipe mais surtout à son technicien qui est dorénavant surnommé El Tactico. Sans doute réconforté par ce climat favorable, Aliou Cissé va faire parler sa science en passant aisément les étapes des quarts (conte la Guinée Equatoriale 3-1) et des demi-finales (contre le Burkina Faso 3-1). En finale, le sélectionneur a affiché un visage concentré au début et radieux à la fin avec la victoire des siens.
Sadio Mané, le leadership assumé
A l’image de toute l’équipe, la CAN de Sadio Mané va commencer timidement. Le numéro 10 sénégalais se contente d’un but inscrit en phase de groupe à la suite d’un penalty transformé face au Zimbabwe. Le réveil du leader technique de l’équipe intervient en 8e de finale contre le Cap-Vert. Remuant tout au long du match, l’attaquant va percuter la tête du gardien des requins Bleus après une mauvaise sortie de ce dernier. Face à la violence du choc, les deux hommes sont assommés. Constatant la dangerosité du geste à la VAR, l’arbitre prend la décision d’exclure le gardien. Malgré la violence de l’impact, Sadio Mané reste sur le terrain et débloque une rencontre serrée jusque là (0-0). À la suite d’un corner en faveur du Sénégal, le ballon revient dans les pieds du numéro 10 qui envoie une frappe surpuissante. 1-0, le Sénégal est en tête mais perd Sadio Mané 10 minutes plus tard. Pour le quart de finale contre la Guinée Équatoriale 5 jours plus tard, la présence de Sadio Mané pour est remise en cause en raison du protocole commotion cérébrale qui veut que le joueur se repose pendant plusieurs semaines avant de revenir sur les terrains. L’ailier fait fi de cela et effectue une passe décisive à l’endroit de Famara Diedhiou pour le 1-0 (score final 3-1). En demi-finale face au Burkina Faso, il va être l’auteur d’une masterclass en fournissant une passe décisive à Idrissa Gueye (2-1) et en marquant le 3-1 en fin de rencontre. En finale, Sadio Mané voit son pénalty stoppé par le gardien égyptien dès l’entame du match. Loin d’être abattu, il remobilise ses partenaires. Comme un signe lors de la séance des tirs au but, la lourde tâche de convertir le but décisif lui revient. Sadio Mané ne tremble pas et le transforme en le mettant en force du même côté que le penalty raté au début du match.
Abdou Diallo, la force tranquille
Cette compétition était son baptême du feu en équipe nationale mais ses prestations laissaient croire qu’il y était depuis des années. Aligné axe gauche dans la défense centrale des Lions, Abdou Diallo partage la charnière avec Pape Abou Cissé au cours des deux premiers matchs. Au retour du capitaine de l’équipe, Kalidou Koulibaly, les deux hommes affichent une bonne complicité. Pas assez mis en avant dans son club du Paris Saint-Germain, Abdou Diallo revit en équipe nationale. Bon relanceur, n’hésite pas à aller au contact et dur sur l’homme quand il le faut, le gaucher est éblouissant. Il sera récompensé en demi-finale contre le Burkina Faso en marquant son premier but avec le Sénégal. En finale, Abdou Diallo va, comme à son habitude, livrer une prestation d’anthologie. Il se fait notamment remarquer sur de bonnes interventions devant Mohamed Salah. Lors de la séance des tirs au but, il se présente en tant que deuxième tireur et le transforme sans trembler. Après le tir au but décisif de Sadio Mané, il est l’un des premiers joueurs présents au rond central à courir vers Sadio Mané. Une donnée vient conforter le statut d’élément indispensable de l’équipe pour Abdou Diallo. En effet, avec ses 7 matchs soit 660 minutes, il est le joueur le plus utilisé par Aliou Cissé durant la compétition.
Nampalys Mendy, le taulier du milier
La compétition avait mal débuté pour lui. Tenu à l’écart des terrains à cause du Covid, Nampalys Mendy fait son retour dans le groupe lors de la deuxième sortie des Lions contre la Guinée. Il est titularisé au match suivant au poste de sentinelle contre le Malawi et livre une belle prestation qui lui assure une place de titulaire indiscutable pour le reste de la CAN. Nampalys Mendy effectue des prestations de haute volée faisant durant toute la compétition oublier qu’il n’est arrivé dans la tanière qu’en mars 2021. L’un de ses matchs référence est le quart de finale contre la Guinée Équatoriale lors duquel il est époustouflant. Il s’est d’ailleurs vu attribuer le titre d’homme du match. Le milieu défensif était l’auteur de ses prestations sans jouer la moindre minute avec son club de Leicester toutes compétitions confondues. Fort de ses belles performances, N. Mendy va figurer dans le onze type de la CAN.
Saliou Ciss, une renaissance à point nommé
A l’image d’Aliou Cissé, Saliou Ciss a toujours dû faire face à de nombreuses critiques. Faisant partie des 6 joueurs victimes de Covid, le latéral gauche doit patienter avant de jouer son premier match dans cette CAN. De retour pour la troisième journée des phases de poules contre le Malawi, il est titularisé par le sélectionneur national. Le début de la renaissance. Dans son couloir gauche, Saliou Ciss fait parler la poudre du haut de ses 32 ans. Le public redécouvre un nouveau joueur. Contre la Guinée Équatoriale en quart de finale, il délivre une passe décisive à Ismaila Sarr pour le 3-1. Contre l’Égypte en finale, c’est son débordement qui entraîne le pénalty à la 4e minute. Sérieux tout au long de la rencontre, il a pu résister face aux assauts égyptiens notamment devant Mohamed Salah qui lui a quelques fois donné du fil à retordre. En plus du trophée final, Saliou Ciss a été désigné meilleur latéral gauche de la compétition en figurant dans le onze type.