Les commerçants d’Accra, capitale du Ghana, ont fermé boutique mercredi dans le cadre d’une manifestation de trois jours pour protester contre la flambée du coût de la vie aggravée depuis l’invasion russe en Ukraine.
Dans le quartier des affaires et de pièces détachées de véhicules d’Accra, habituellement paralysés par les embouteillages, seuls les vendeurs de nourriture ambulants étaient visibles devant les commerces fermés.
Accablé par une lourde dette, le Ghana a enregistré en septembre une inflation historique de 37%, tandis que la monnaie locale – le cedi – s’est effondrée par rapport au dollar américain.
Le président Nana Akufo-Addo est critiqué pour sa gestion économique du pays et notamment pour avoir entamé des discussions avec le FMI – lui qui avait autrefois promis un « Ghana sans aide » – pour obtenir un prêt de trois milliards de dollars.
Cette décision a fait naître la crainte que le gouvernement impose des mesures d’austérité qui accableraient un peu plus la population, déjà confrontée à l’explosion des prix.
Kwesi Amoah, vendeur de pièces détachées à Abossey Okai, dans la banlieue d’Accra, a expliqué à l’AFP que les commerçants n’émettaient plus de factures, les prix augmentant trop vite, parfois en quelques heures.
« Nous comprenons que les temps soient durs pour dans le monde, mais nos voisins en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso ne souffrent pas comme nous », s’est-il lamenté.
Le syndicat des commerçants du Ghana (Guta) a déclaré que la fermeture des commerces était un appel à l’aide au gouvernement et une manière d’exprimer leur frustration.
« Il est évident que nous ne pouvons plus supporter (cette situation) plus longtemps », a déclaré le président du Guta, Joseph Obeng.
Le Conseil d’État, un organe consultatif du président mandaté par la Constitution, a tenté de convaincre les commerçants d’annuler la grève, en vain.
Le gouvernement n’a fait aucun commentaire.
« M. Akufo-Addo nous déçoit. On a voté pour un changement et un meilleur mode de vie », a soufflé Doris Andoh, un commerçant de 37 ans.
« J’ai quatre enfants, et à l’heure où l’on parle, deux sont à la maison parce que je ne peux pas payer leurs frais de scolarité. »
La banque centrale du Ghana a augmenté son principal taux directeur de 10 points de pourcentage cette année, le portant à 24,5%, afin de tenter de maîtriser la croissance des prix. Mais cela a augmenté les coûts d’emprunt pour les commerçants.