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Patience. Il faudra attendre mars prochain pour connaître le sort réservé par la justice française au Sénégalais Papa Massata Diack.

Le fils du défunt ex-président de la Fédération internationale d’athlétisme, Lamine Diack a été jugé devant la cour d’appel de Paris pour corruption et détournement de fonds. Le parquet a requis hier jeudi 19 janvier 2022 devant la Cour d’appel de Paris la confirmation du jugement de première instance contre Papa Massata Diack, soupçonné de corruption et de détournement de fonds.

L’ancien consultant marketing de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), âgé de 57 ans, avait été condamné en septembre 2020 pour complicité au sein d’un système de pots-de-vin visant à cacher des cas de dopage chez des sportifs russes en 2011. Il avait écopé de cinq ans de prison ferme et d’un million d’euros d’amende.

« PMD » affirme son innocence depuis le Sénégal, qu’il dit ne pas pouvoir quitter car il est sous contrôle judiciaire dans cette même affaire. Le parquet a également requis la confirmation de la condamnation de l’ex-conseiller personnel de Lamine Diack, Habib Cissé à trois ans de prison dont deux avec sursis et 100.000 euros d’amende. L’avocate générale Muriel Fusina n’a pu développer son réquisitoire, ayant remplacé au pied levé sa collègue, qui avait suivi le dossier depuis le début, malade.

La présidente du tribunal, Pascaline Chamboncel-Saligue, a rejeté une demande de renvoi, estimant que les positions des parties civiles et des deux prévenus rejugés n’avaient pas changé depuis le premier procès.

Mercredi, l’avocat de la fédération internationale, Me Régis Bergonzi, avait dénoncé une « organisation bananière » de l’instance dirigée par Lamine Diack entre 1999 et 2015. Selon lui, l’ancien président de l’IAAF aurait recruté son fils, créant, avec lui et des complices, un réseau de détournement de fonds et de corruption pour retarder les procédures de sanctions contre des athlètes russes soupçonnés de dopage, permettant à certains d’entre eux de participer aux Jeux olympiques de Londres en 2012.

En contrepartie, les parraineurs russes avaient renouvelé leurs contrats de partenariat avec l’IAAF en vue des Mondiaux-2013 à Moscou.

Les contrats avec la banque russe VTB signés jusqu’en 2015 s’élevaient à 65,5 millions d’euros. Mais l’IAAF « n’a perçu qu’un cinquième des sommes versées, soit près de 13 millions d’euros », a dit Me Bergonzi, présentant la fédération internationale comme « la bête qu’on a totalement saignée ». Il a aussi évoqué des systèmes complexes de rétrocommissions via des sociétés écrans ou des commissions exorbitantes pour certains contrats.

Mais pour les avocats de M. Diack, ces commissions étaient « proportionnelles » à l’importance des contrats, et c’est lui qui avait su convaincre les grandes institutions de parrainer une fédération sous-financée à l’époque.

« CAS PAR CAS »

« On a détruit l’honneur de l’athlétisme et de la fédération« , rebaptisée World Athletics, a lancé Me Bergonzi, demandant un total de 41,2 millions d’euros de dommages-intérêts. Le Comité international olympique (CIO) a réclamé un euro symbolique et l’Agence mondiale antidopage (AMA) 300.000 euros de dédommagement. Seul prévenu présent devant la cour, Habib Cissé nie avoir été complice dans l’affaire du dopage russe.

A la barre, il a assuré mercredi que les notifications concernant plusieurs athlètes à la fédération russe (ARAF) avaient été traitées au « cas par cas », en fonction du degré de soupçons de dopage, et que tous les sportif soupçonnés avaient finalement été suspendus. M. Cissé avait aussi été jugé coupable d’avoir reçu 3,45 millions d’euros, soutirés à des athlètes russes pour les faire disparaître de la liste des sportifs soupçonnés de dopage.

Les enquêteurs avaient retrouvé chez lui une liste comportant les noms de plusieurs sportifs et des sommes d’argent. Ils avaient aussi exhumé une conversation par SMS avec Papa Massata Diack ou il était question de « remboursement« . « Les apparences sont accablantes« , a-t-il admis, assurant toutefois n’avoir « jamais sollicité d’argent« . Deux autres condamnés en première instance, l’ex-président de la fédération russe Valentin Balakhnitchev et un autre ex-responsable sportif russe, Alexeï Melnikov, n’avaient pas fait appel.

La décision du tribunal a été mise en délibéré au 9 mars 2022. Comme attendu, “PMD” n’était pas présent au procès. Il n’a pas quitté le Sénégal depuis le début de l’affaire et refuse de répondre aux convocations de la justice.

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