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L’Afrique n’a pas la place qu’elle mérite dans les affaires internationales ; elle est toujours confinée dans une position marginale. C’est du moins la position défendue par le président sénégalais Macky Sall à la tribune des Nations unies, en septembre dernier. Par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine, il s’est exprimé dans un entretien au New York Times en prélude au sommet Etats-Unis-Afrique qui s’ouvre ce mardi à Washington. Un entretien dont Seneweb vous livre l’essentiel.
Depuis qu’il a été porté à la tête de l’instance régionale, le chef de l’Etat sénégalais mène un combat pour donner écho à la voix de l’Afrique au niveau international, ce qui passe nécessairement selon lui, par l’octroi d’un siège à l’Union africaine au sein du G20. L’Afrique doit également être représentée au Conseil de sécurité des Nations Unies.

Un message partiellement reçu par ses destinataires à la veille du sommet Etats-Unis-Afrique qui se tient cette semaine. Le président Biden va soutenir l’idée d’octroi d’un siège permanent à l’Union Africaine au sein du G20, selon un de ses conseillers. Une position qu’il va rendre officielle lors du sommet de Washington.
Interrogé sur sa vision sur un nouvel ordre mondial dans lequel l’Afrique ne serait plus marginale, Macky Sall a livré et défendu son point de vue.
« L’Afrique est un vaste continent peuplé de 1,4 milliard d’habitants et un produit intérieur brut de 2.7 milliards de dollars. Malgré cela, l’Afrique est toujours à la périphérie. Lorsqu’on décide de la marche du monde, l’Afrique doit être représentée, au G20, au Conseil de sécurité des Nations unies. Il nous faut consolider les relations entre l’Afrique et le reste du monde, particulièrement avec les pays développés. Les pays du Nord et les pays en voie de développement ont besoin de communiquer davantage. C’est mon combat, nous devons faire partie des solutions et ne pas être seulement un sujet, un objet de discussion ».

Quant à l’idée de l’octroi d’un siège de membre permanent à l’Afrique, « Pour ce qui concerne le G20, c’est en bonne voie. Nous avons enregistré des soutiens importants : la France, la Chine, la Russie, l’Arabie Saoudite nous ont déjà apporté leur soutien. Pour le Conseil de sécurité des Nations unies, le débat est beaucoup plus difficile. L’Afrique est composée de 54 pays. Nous voulons deux sièges permanents avec droit de veto. C’est ça notre position.
Le système actuel a été mis en place en 1946, il est alors temps de prendre en compte la configuration actuelle au niveau mondial. Le monde d’aujourd’hui ne peut pas continuer de fonctionner comme en 1946. Presque la totalité des pays du continent, à l’exception de l’Ethiopie, était sous colonisation à l’époque ; nous n’avions pas d’indépendance. Ce que nous réclamons, c’est la gouvernance inclusive. Autrement, le système ne sera plus crédible. Et ceux qui doivent accepter ce changement, avant tout, ce sont les 5 membres permanents qui ont le droit de veto. C’est difficile, mais la représentation a besoin d’être révisée ».
« L’Afrique a besoin de deux sièges permanents »
En effet, s’agirait-il d’un siège à octroyer au Nigeria, le plus grand Etat de l’Afrique ? « Nous n’en sommes pas encore là. C’est à l’Afrique, une fois les sièges acquis, de définir les modalités de représentation. Il y a plusieurs hypothèses. C’est insensé de donner un siège à un pays particulier, nous aurions alors mené ce combat pour rien, parce que ce pays n’allait représenter que lui-même, pas l’Afrique. Entre Africains, on peut voir quelle peut être la meilleure représentation pour défendre les intérêts du continent. D’abord, les sièges, ensuite nous verrons qui va les occuper.
Le président Biden soutient l’idée d’un siège, moi je demande deux, on négocie ; il a émis le souhait de travailler avec l’Afrique, c’est clair. Une fois il m’a dit, s’il est élu président, c’est largement grâce au vote Afro-Américain, c’est quelque chose qu’il a au cœur.

Mais il nous faut des choses beaucoup plus concrètes, et les États-Unis en tant que pays le plus puissant au monde, peuvent y arriver avec de la volonté politique. Ils doivent être d’accord pour investir un peu plus dans le continent. Je ne parle pas d’aide, mais d’investissement. Nous ne demandons pas des documents, nous demandons à avoir accès aux marchés, et parce qu’il n’y a pas beaucoup trop de tension liée à la hausse des prix du blé, ou des intrants comme nous en avons connu cette année. Cela oblige nos pays à subventionner, alors que nous souffrons beaucoup des effets de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine.
A quoi s’apparente un succès au sommet de Washington ?
Un succès signifierait, pour l’Afrique et les États-Unis, de travailler sur un programme concret pour offrir la sécurité alimentaire, pour aider l’Afrique à être autosuffisante à travers des fonds d’investissements public-privé, d’aider à moderniser l’Agriculture en Afrique et développer les infrastructures : énergie, routes, chemin de fer et irrigation. Sans doute nous aurons besoin d’un peu de soutien financier, mais d’abord, il doit y avoir la volonté de travailler avec les Africains.
Qu’est-ce que les États-Unis peuvent offrir à l’Afrique que la Chine, la Russie ou la Turquie ne peuvent pas ? Et vice-versa
La Chine est l’un des rares pays à financer les infrastructures de base en Afrique. Le chemin de fer, infrastructure majeure. Les pays occidentaux l’ont fait il y a très longtemps, mais ils ont arrêté il y a 30 ans environ et maintenant ils mettent l’accent sur le financement du logiciel, la gouvernance, la défense, le genre, l’éducation et la santé aussi. Le financement des vaccins, la santé et l’éducation, c’est très bien. Mais en même temps, l’Afrique a besoin de routes, de chemin de fer, d’énergie…

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