Une collision entre un car et un camion a fait vingt morts lundi au Sénégal, où les transporteurs résistent à des mesures adoptées une semaine plus tôt après le décès de plus de 40 personnes dans un autre accident.
« Encore un autre accident mortel sur nos routes à l’entrée de Ngeun Sarr. 19 vies humaines perdues », a tweeté le président Macky Sall, avant que le gouvernement ne révise le bilan à la hausse pour le porter à 20 morts et 24 blessés, dont 19 graves.
Un témoin interrogé a rapporté que le car avait fait un écart pour éviter un âne, un de ces animaux nombreux à divaguer sur ou au bord des routes. Le choc est survenu près de la localité de Sakal, dans la région de Louga.
Le 8 janvier, c’est l’éclatement d’un pneu, selon l’enquête, qui avait provoqué le téléscopage de deux bus à Sikilo (Kaffrine). Quarante-deux personnes sont mortes, selon un dernier bilan.
Ces accidents remettent en lumière les maux de la route bien connus au Sénégal : vétusté et aménagement dangereux des véhicules, conduite inconsidérée, ou encore corruption répandue des agents chargés de faire respecter les lois ou passer le permis de conduire.
Le drame du 8 janvier, l’un des plus meurtriers au Sénégal ces dernières années, a suscité un flot de critiques contre les autorités pour leur incapacité à faire respecter les règles de conduite, mais aussi la réglementation sur l’état des véhicules.
Le gouvernement a annoncé dans la foulée une vingtaine de mesures. Nombre d’entre elles sont décriées comme étant inapplicables par les professionnels du transport, les principaux concernés.
Le chef de l’Etat en a réaffirmé la nécessité sur Twitter. L’accident de lundi « met en évidence la nécessité de renforcer les mesures de sécurité routière », a-t-il dit.
Nombre de professionnels ont jugé les mesures en déphasage avec les réalités économiques ou les modes de vie, par exemple l’interdiction faite aux bus et minibus de circuler la nuit, ou l’interdiction d’importer des pneus usagés.
Les bus convoyant des passagers aussi bien que des marchandises sont un moyen de transport essentiel entre localités, faute d’autres solutions. Les bus sont communément transformés pour accroître leur capacité et équipés de porte-bagages de toit souvent surchargés au point de menacer la tenue de route.
Non seulement les passagers emportent volontiers des effets volumineux, mais les porte-bagages sont une source de revenus supplémentaires pour les transporteurs.
Grève, hausse des prix
Une partie des syndicats de transport a annoncé une grève illimitée à partir de mardi pour protester.
« Régulation du secteur: l’Etat dans un gros bouchon », titrait lundi en première page le journal le Quotidien.
Les autorités ont vite fait marche arrière sur l’interdiction d’équiper les cars de porte-bagages et ont accordé un délai d’un an.
Le gouvernement aurait, d’ailleurs, fait d’autres concessions. Une organisation syndicale a refusé de faire grève après avoir obtenu la révision de différentes mesures annoncées, par exemple sur l’âge maximum des véhicules autorisés à rouler, lors d’une rencontre au ministère la semaine passée, a dit un responsable cité dans la presse.
Autre motif de confrontation entre le gouvernement et les transporteurs, dans un contexte inflationniste: les prix. Des exploitants de minibus viennent d’annoncer une hausse de leurs tarifs dans la région de Dakar, arguant de la baisse récente par l’Etat des subventions aux carburants et de l’augmentation de 100 francs CFA des prix du gazole et du super.
Le gouvernement a refusé cette augmentation qui serait illégale selon lui, faute d’avoir été validée par les autorités.