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Au Sénégal, le  »ngalakh », un dessert sucré, est associé à la fête de pâques. C’est en effet avec ce mélange de pâte d’arachide et de pain de singe dégusté avec du couscous que les chrétiens du Sénégal célèbrent la fin du carême. De grandes quantités sont préparées le jour du vendredi Saint. C’est aussi des moments de solidarité et de partage. Ces derniers en distribuent aux voisins et invités, pour la plupart, des musulmans. Une pratique qui participe au raffermissement des liens et le dialogue Islamo chrétien. Seneweb  est allé à la rencontre de quelques  fidèles chrétiens et des commerçants pour en savoir un peu plus sur la ferveur autour du Ngalakh.

Comme chaque année, la communauté catholique boucle le carême par la célébration de la fête de pâques. Avant le jour de Pâques, ils optent pour ‘’Ngalakh’’.

Sur le marché, il n’y a pas beaucoup  d’affluence. Les fidèles chrétiens ne sont pas  encore venus à l’exception de quelques femmes qui viennent s’enquérir des prix des composants  de ce dessert. Alpha Ba,  commerçant au marché Tilène, estime que cela peut se justifier par la flambée des prix des denrées de première nécessité. Tout est cher. Les prix sont revus  à la hausse depuis un certain temps. «  Actuellement, même les céréales ne sont pas épargnées par cette flambée. Le mil, par exemple, se vend à 375 FCFA le kilo. Le prix peut même aller jusqu’à 400F CFA. Concernant le ‘’bouye’’ (pain de singe), le kilogramme coûte 700 alors qu’auparavant c’était 550 FCFA. La pâte d’arachide est à 1000 FCFA le kilo alors que ça se vendait  à 750 ou 800.  Certains le vendent, même, à 1100 voire 1200 F CFA », renseigne ce jeune homme de nationalité guinéenne, vivant à Dakar depuis quelques années.

Seulement les gens semblent tellement habitués à boire du Ngalakh qu’il est difficile de rompre avec cette tradition qui de plus contribue à renforcer le dialogue islamo-chrétien. Cependant, depuis quelques années, ce n’est plus l’engouement surtout lors des 3 dernières années marquées par la pandémie du Coronavirus de même que cette année ou l’on assiste à une crise mondiale marquée par l’inflation sur de nombreux produits.

Entre coutume et solidarité

Ces trois dernières années, cette tradition n’a pas été célébrée en grandes pompes. La pandémie de Coronavirus est passée par là. Cette année encore, la crise mondiale marquée entre autres par des conflits au niveau de la sous-région et mondial en est pour quelque chose. Madeleine Mbaye en témoigne  : « C’est une préparation spirituelle  parce qu’on sort  quand même de 40 jours  de carême et après c’est la fête de Pâques. On va célébrer la résurrection du Christ qui est une joie, une allégresse pour nous et Ce sera  en famille. Pour le ‘’ngalakh’’ c’est quelque chose que j’ai trouvé ici,  car mes grands parents le faisaient, ma mère le faisait donc c’est une tradition, c’est un acte de générosité envers nos prochains. Mais la coutume en tant que telle, n’est pas dans l’Eglise. La conjoncture actuelle ne s’y prête pas trop parce que effectivement les denrées ont augmenté mais ça dépend de comment chacun le ressent. Moi, cette année je vais en faire. C’est une habitude chez nous. On en offre  à quelques voisins même si ces dernières années, la Covid a un peu sapé la dynamique. Nous allons simplement réduire la quantité habituelle ».

Elisabeth Diémé confirme d’ailleurs qu’il s’agit d’une tradition venant des juif et qui est considérée comme une offrande après 40 jours de spiritualité. Les juifs l’appellent  la fête du «Saba » et les chrétiens le font le vendredi saint avant Pâques qui symbolise la résurrection du Christ.

Le sucre, le vrai casse-tête

A son image, les nombreux fidèles trouvés à la paroisse des martyrs de l’Ouganda, sont préoccupés par cette conjoncture. Par exemple, le sucre, une des composantes du ‘’Ngalakh’’ a connu une hausse excessive. Mère de famille, Françoise Dessou est l’une d’elles. Elle n’a pas encore trouvé le sucre pour assaisonner son ngalakh le jour j. « Je prépare le Ngalakh. J’ai le mil, l’arachide, le bouye. Il n’y a que le sucre qui me manque et  le sac coûte 30 000 F CFA. on est obligé de le faire juste pour partager avec nos frères musulmans. C’est pourquoi, je compte en faire 2 bassines cette année », confie-t-elle. À quelques encablures, Béatrice Amy Lo, une fidèle chrétienne, est venue assister à la messe de  la dernière semaine du Carême. Cette dernière estime que les fêtes se préparent mais difficilement “On a augmenté le sucre car le kg qui coûtait à 600 FCFA a bondi à 700 FCFA. Le pot de pain de singe qui coûtait 500 FCFA revient à 700”.

Malgré la conjoncture difficile, la plupart des familles chrétiennes vont tout de même sacrifier à cette coutume ancrée dans nos mœurs de partage et de générosité.

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